06/05/2021

Avec la nouvelle à chute, le plus difficile n’est pas de démarrer — mais de finir en beauté ! Car c’est bien dans les dernières lignes que le sens véritable de l’histoire se révèle. Mais comment trouver la meilleure chute, celle qui va scotcher le lecteur tout en restant cohérente avec le récit ?

Avec la nouvelle à chute, l’auteur veut avant tout raconter une histoire, mettre en place des péripéties qui aboutiront à un dénouement surprenant : la fameuse chute. Pour que celle-ci soit crédible et convaincante, elle ne doit pas arriver par hasard mais être amenée comme un prolongement logique et naturel de votre récit… tout en restant imprévisible, de manière à apporter un éclairage nouveau sur tout ce qui s’est déroulé auparavant.

La chute se prépare dès la première ligne

Si l’on en croit Edgar Poe, auteur génial mais aussi premier théoricien de la nouvelle, le meilleur moyen pour qu’une chute fonctionne c’est de composer tout son récit en fonction d’elle et de l’effet qu’on veut produire sur le lecteur.  Or, bien souvent, quand on démarre on ne sait pas toujours où l’on va ! Qu’à cela ne tienne, concentrez-vous sur les rebondissements. Dans un récit, il en existe deux sortes : le dévoilement et le coup de théâtre. Ce sont eux qui fournissent les meilleures chutes de nouvelles. Dans le dévoilement, le lecteur découvre une vérité essentielle sur le personnage principal : il n’est pas celui qu’on croyait. Cela implique que, dès le début, l’auteur doit créer une illusion à laquelle le lecteur se laisse prendre. Attention, il n’est pas question de mentir au lecteur, ce serait très mal vu ! Mais vous pouvez le faire par omission. Le coup de théâtre, quant à lui, est un retournement de situation : la parure de diamants était du toc (Maupassant, La Parure), le tueur est pris à son propre piège (D. Daeninckx, Loto stoppeur), le héros découvre que ce qu’il prenait pour un rêve est en fait la réalité (J. Cortazar, La nuit face au ciel)…

Un bon conseil : coupez !

Il est rare qu’on réussisse sa chute du premier coup … Mais une nouvelle, vous le savez, ça se relit, ça se polit, ça se retaille comme un beau vêtement. Vérifiez que tous les fils du récit sont tirés pour aboutir en un seul et même point (la chute), au besoin apportez des informations manquantes et surtout…n’hésitez pas à couper. Car, pour installer dès le départ une tension dans le récit et maintenir l’intérêt du lecteur, vous devez éliminer tout ce qui peut diluer cette tension : les descriptions trop longues, les explications (le lecteur n’a pas besoin qu’on lui mette les points sur les i), les adjectifs et adverbes inutiles… Il s’agit d’aller droit au but, sans que votre lecteur puisse deviner ce que vous mijotez avant d’y être arrivé. Alors, si vous voulez que votre chute soit réussie, évitez à tout prix les fins-clichés, les dénouements attendus, les événements téléphonés… On ne vous le pardonnerait pas.

1 Commentaire

  1. gibi

    J’adore l’image d’illustration.

    Réponse

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