24/07/2021

Existe-t-il des moyens de provoquer l’inspiration ? Est-il possible de l’entretenir sur le long terme ? Oui, répond Ray Bradbury. L’un des auteurs les plus prolifiques du vingtième siècle nous explique comment nourrir et faire grandir sa Muse.

Dans « Le zen dans l’art de l’écriture », l’un de ces ouvrages magiques que tout apprenti-auteur et tout auteur tout court se doit d’avoir dans sa bibliothèque, Ray Bradbury fait partager son bonheur d’écrire et transmet quelques clés pour développer sa créativité. Celle qu’il appelle « la Muse » est, affirme-t-il, la plus craintive de toutes les vierges. On le croit sans peine, mais alors comment faire pour l’apprivoiser ?

Pour Bradbury, la réponse est simple : cette Muse est perpétuellement affamée. Il faut donc la nourrir, mais pas avec n’importe quels aliments.

Le menu complet

Voici le menu que Ray Bradbury suggère à tout écrivain qui veut alimenter son inspiration :

– lire de la poésie chaque jour de sa vie. Parce qu’elle développe les sens et les maintient au top, qu’elle est un concentré de métaphores et de comparaisons, un réservoir d’idées et aussi, ajoute Bradbury, parce qu’elle fait travailler des muscles dont on ne se sert pas suffisamment. Il n’est pas regardant sur le type de poésie, du moment qu’elle vous fait hérisser les poils des bras !

– lire des essais. Cherchez des livres qui améliorent votre sens des couleurs, votre sens des formes, et prenez la mesure du monde, dit encore l’auteur. Parce que si vous voulez persuader votre lecteur qu’il est , vous devez assaillir chacun de ses sens (…).  Lisez indifféremment des essais sur l’élevage des paons, la calligraphie chinoise, l’art culinaire ou le chant des baleines : c’est bon pour votre Muse et, même si vous ne comprenez pas tout, vos cellules s’imprègnent et emmagasinent à votre insu ce qui ne demandera, le moment venu (parfois des années après) qu’à resurgir à travers l’écriture ;

– lire de la fiction, bien sûr (romans, nouvelles…) : d’abord les auteurs qui écrivent comme vous aimeriez écrire, pensent comme vous aimeriez penser, et aussi ceux qui n’écrivent pas et ne pensent pas comme vous : cela vous ouvrira des horizons.

Rien ne se perd

Enfin ne craignez pas non plus, ajoute Ray Bradbury, d’être vus en étrange compagnie. Nourrir sa Muse, c’est être en perpétuelle recherche de ce que l’on aime profondément (…) c’est évoluer de textures simples, naïves, peu intellectuelles, à des textures plus complexes, plus averties, plus cérébrales… En clair : vous aimez les bandes dessinées, la littérature « de genre », les films d’horreur ? Ne vous en détournez pas sous prétexte que vous devez nourrir votre Muse car celle-ci profite de tout ce qui alimente Votre Moi Le Plus Original (sic). Lequel n’est pas monobloc et peut apprécier tout autant Michel-Ange et les mangas, Stephen King et Kafka, une fanfare et une symphonie… Et parce que notre subconscient peut être comparé à un immense entrepôt où nos expériences les plus fortes attendent que nous les fassions remonter à la surface, il serait dommage de succomber au snobisme et de se priver de certaines sensations. D’ailleurs, aime-t-on les mêmes choses à tous les âges de la vie ?

Jetez-vous à l’eau

Tout cela, bien entendu, ne servira jamais à rien si, une fois que vous aurez nourri votre inspiration, vous ne vous acharnez pas à lui donner une forme. Et là, pas de secret : le seul moyen d’y arriver c’est d’écrire jour après jour, année après année ; de vous jeter sur votre stylo ou votre clavier dès que surgit l’inspiration naissante… bref, de vous y coller. Là, maintenant. Tout de suite.

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