Même si vous tenez une histoire en or, même si vous savez raconter, il y a des fautes de style qui ne pardonnent pas ! Voici dix erreurs fréquentes qui disqualifient un texte dès la première page.
1- Coller aux dialogues des verbes de dialogue :
« — Je te quitte, soupira-t-il.
— Quoi ? se désenchanta-t-elle.
— Oui, s’apitoya-t-il (…) »
Quand un personnage parle, le lecteur doit pouvoir l’identifier sans qu’il soit indispensable de préciser qui parle. C’est possible si l’auteur a su caractériser le langage autant que le physique de son personnage, sa manière de se comporter dans la vie et de réagir aux situations. En s’exprimant donc différemment des autres personnages, et aussi de l’auteur.
2- Surcharger la ponctuation :
« O rage !!!! O désespoir !!!! O vieillesse ennemie !!!!………… »
3- Ponctuer au hasard. Exemple :
« L’abus, ou la mauvaise utilisation, de, points ou de : virgules, rendra votre prose ! Hachée (…) »
4- Caractériser les personnages uniquement par leur physique :
« Il était grand, brun et beau. »
Il y a plein d’autres façons de caractériser un personnage : par son comportement, sa façon de s’exprimer, de se mouvoir, de s’habiller… Vous trouvez ça compliqué ? Pourtant, ça fait partie du travail de l’auteur.
5- Caractériser les personnages par des clichés :
Votre personnage a « des yeux d’acier », ou est « blond comme les blés » ?… Pas très convaincant et déjà vu des milliers de fois ! Alors, trouvez autre chose. Si, si, vous pouvez.
6- Abuser des adjectifs :
« Il était grand, brun, beau, musclé et terriblement sexy ». Un adjectif n’est vraiment utile que s’il précise un nom (ou en l’occurrence un pronom), s’il lui apporte quelque chose. En ce domaine, qui peut le plus peut le moins.
7- Abuser des adverbes et en particulier des adverbes en -ment :
« L’amour est un oiseau évidemment rebelle
Que nul ne peut facilement apprivoiser
Et c’est bien en vain qu’ inlassablement on l’appelle
S’il lui convient de refuser catégoriquement (…)»
(pardon, Monsieur Bizet !…)
8- User de pléonasmes
Descendre en bas, finir enfin, sortir dehors… etc.
9- Faire des phrases longues et tortueuses
Là encore, un remède simple : couper ! Ou l’emploi d’un outil à la portée de tous : le point. Coupez vos phrases en deux, relisez à voix haute ; ajustez… la bonne moyenne étant de 14 mots par phrase. Apprenez à alterner phrases courtes et phrases longues, c’est bon pour le rythme (et si l’action s’accélère, privilégiez les phrases brèves, voire les phrases nominales).
10- Utiliser la voix passive
« Des gâteaux leur ont été distribués, et les enfants s’égayèrent dans le sous-bois où des trilles étaient poussés par les oiseaux… » Rien de très dynamique, n’est-ce pas ? Essayez à la voix active : « On leur distribua des gâteaux, et les enfants s’égayèrent dans le sous-bois où résonnaient les chants d’oiseaux (…) »
Cet article a été en partie réalisé grâce au livre de T. Maugenest, Les rillettes de Proust (éditions Points-Seuil) dont sont extraits les exemples cités aux points 1 et 3
Superbe pense-bête pour ne pas lâcher la vigilance.