02/01/2016

Tout le monde ou presque voudrait être écrivain. Vous, peut-être, qui avez un beau brin de plume et vous demandez de temps à autre comment faire pour devenir un professionnel de l’écriture. Parce qu’au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit…

Vous aimez écrire ? Votre entourage apprécie votre prose ? Vous rêvez parfois de vivre de l’écriture ? Alors, qu’attendez-vous ? L’inspiration ? Elle n’existe pas (ou si peu). D’avoir le temps ? Un stylo neuf ? Le Power Book dernière génération ? Une chaise à votre nom, comme les vedettes dans les films ? Oubliez tout cela.  Pour devenir écrivain, dit Stephen King (1), il faut d’abord « lire beaucoup et beaucoup écrire ». Programme simple, basique. Et pro.

Pas un jour sans écrire

Beaucoup écrire, pour Stephen King, c’est écrire tous les jours : « Si je n’écris pas tous les jours, les personnages commencent à se rassir dans mon esprit : ils se mettent à avoir l’air de personnages et non plus de vraies personnes. Le tranchant narratif se rouille, je perds peu à peu mon emprise sur l’intrigue et le rythme de l’histoire. Pis que tout, l’excitation que je ressens à dévider quelque chose de nouveau commence à retomber. Ecrire devient fastidieux et, pour la plupart des écrivains, cette impression de travailler est le baiser de la Mort. On n’écrit jamais aussi bien — et ceci est toujours, toujours vrai — que lorsqu’il s’agit de jouer à une sorte de jeu inspiré. »

Travailler son endurance

Un « jeu » auquel le King s’adonne sans répit : « Y compris le jour de Noël, le 4 Juillet (2) et le jour de mon anniversaire ». Paradoxalement, s’imposer des horaires de bureau lui permet de garder l’excitation du jeu ! Il n’est pas le seul dans ce cas : Neil Jomunsi, initiateur du projet Bradbury et auteur de nouvelles, rapporte que pour chacune des 52 nouvelles de son projet, il a écrit son premier jet de 9h 30 à midi puis de 14 h à… « jusqu’à ce que je m’écroule ». Amélie Nothomb, pour sa part, se lève tous les jours à 4 h du matin pour écrire jusqu’en fin de matinée. Joyce Carol Oates, Elizabeth George ou Haruki Murakami courent quotidiennement des kilomètres pour augmenter leur endurance… avant de se visser à leur chaise et à leur manuscrit.

Ecrire quand même

Ecrire a quelque chose à voir avec la course de fond : c’est la même persévérance, le même acharnement qui est mis en œuvre. Mais moi, me direz-vous, salarié à temps complet, comment pourrais-je tenir un tel rythme ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul dans ce cas : dans L’Art du suspense, Patricia Highsmith raconte qu’avant de publier son premier manuscrit elle avait un travail de bureau quelque part. Elle reprenait son manuscrit tous les soirs en rentrant chez elle. Tchekhov était médecin, Kafka inspecteur d’assurances, Didier Daeninckx a longtemps travaillé comme ouvrier imprimeur et Daniel Pennac, comme professeur… cumulant travail de jour et écriture. Leur secret ? Il est peut-être dans cette phrase de Murakami : « Je n’ai jamais eu la moindre ambition d’être romancier. J’ai juste eu le désir ardent d’écrire un roman » (3). Alors, ce manuscrit, quand vous y collez-vous ?

(1) Ecriture, mémoires d’un métier (éd. Albin Michel).

(2) fête de l’Indépendance, jour férié aux USA

(3) Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, éditions 10/18

Si malgré tout vous n’arrivez pas à vous motiver tout seul, vous pouvez essayer quelques séances de coaching pour remettre votre manuscrit sur les rails…

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