Les adjectifs, c’est comme les gâteaux : point trop n’en faut. On ne peut pourtant pas toujours s’en passer. Comment savoir quand ils sont indispensables ou, à l’inverse, quand ils rendent votre prose indigeste ?
Un adjectif est utile s’il précise un nom
« L’adjectif est un remplissage, une facilité, un tape à l’œil » écrit Michel Volkovitch dans Verbier /Herbier verbal à l’usage des écrivants et des lisants*. Un nom, s’il est précis, n’a pas besoin de qualificatif… Il y a cependant des cas où celui-ci est nécessaire. Par exemple, si vous écrivez : « un mur aveugle », comment saurait-on sans l’adjectif que le mur ne comporte aucune fenêtre sur l’extérieur ? L’adjectif apporte ici une information indispensable à la compréhension du texte.
Un adjectif est en trop quand il pousse au cliché
Combien de regards langoureux, de vieillards chenus ou d’amères solitudes avez-vous croisés au cours de vos lectures ? Avez-vous envie qu’en lisant votre prose, le lecteur pense avoir déjà lu la même chose des milliers de fois ? Non, n’est-ce pas ? En matière d’expressions rebattues, l’adjectif est pousse au crime. Et, pire encore qu’un adjectif, l’accumulation d’adjectifs attendus. Une joie inexprimable, indicible, indescriptible, un mépris profond, souverain, écrasant, un homme implacable, dur et déterminé…
Cherchez le décalage
Il est pourtant certains auteurs, et non des moindres, qui font de l’adjectif un usage gourmand sans jamais tomber dans le déjà-vu. « Mathilde est blonde, paresseuse et fanée » (Colette). « Elle se sentait destinée à quelque chose d’à la fois magnifique, rapide et atroce (…) » (Claude Simon). La réussite est dans le décalage, l’art de juxtaposer des adjectifs qui se contredisent. D’accord, vous n’êtes pas Colette ni Claude Simon… Mais vous cherchez à éviter la banalité, cela vaut bien un petit effort. Sans tomber pour autant dans l’usage systématique, le procédé qui rendrait vos textes indigestes.
Entraînez-vous
Essayez l’exercice suivant : prenez un texte court et supprimez les adjectifs. Puis réécrivez-le en construisant les phrases pour que l’ensemble reste cohérent. Vous pourrez toujours réintroduire plus tard les adjectifs vraiment nécessaires. Le texte ainsi réécrit vous paraît-il plus vivant ? Plus dynamique ?
* éditions Maurice Nadeau
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