Marie-Claude Viano écrit depuis 2007, principalement des nouvelles. Elle a gagné plusieurs concours et publié dans la revue Rue Saint-Ambroise. « L’œil du pigeon », nouvelle sélectionnée dans le cadre d’un concours lancé par la revue La lampe de chevet, sera publiée fin 2015 dans un recueil collectif. Parcours d’une ateliériste convaincue…
Comment écris-tu : dans un cahier ou à l’ordinateur ? As-tu des rituels d’écriture ?
En atelier, j’écris sur des feuilles volantes, au crayon, et en gommant furieusement. Chez moi, je travaille à l’ordinateur. Une prédilection pour l’écriture au lit ou dans un fauteuil. Rarement devant un bureau.
Quel est ton rythme d’écriture ? Combien d’heures par jour/ par semaine ?
En réalité je consacre peu de temps à l’écriture (et ça me désole). Disons 3 ou 4 heures par semaine, mais sans aucune régularité. Tout de même, je commence à remarquer que c’est l’écriture du matin qui me convient le mieux.
Comment fais-tu les jours « sans » ? Quels sont tes « trucs » pour affronter la page blanche ?
Je ne m’installe devant mon ordi que lorsque j’ai une idée, aussi limitée soit-elle. Il y a plein de jours « sans » mais ils ne sont pas perdus pour autant parce que je garde le travail en tâche de fond : ça avance tout seul dans ma tête. La page blanche ne me fait donc pas peur. Et puis j’aime bien, si un projet piétine trop, lui tourner le dos momentanément pour en commencer un autre.
As-tu des thèmes de prédilection ?
Certains thèmes liés à la région dont ma famille est originaire. La montagne, les migrations, la vie de la petite paysannerie. Mais je voudrais ne pas trop rester figée là dessus.
Comment est née la nouvelle primée par La Lampe de chevet ?
« L’œil du pigeon » a été écrit au cours d’un stage organisé par Alice et les mots. Le principe du stage sur deux journées, avec quelques lectures préparatoires et un premier texte en guise de préchauffage avant de se jeter à l’eau, me convient très bien. J’y trouve l’aiguillon qui libère l’imagination et le reste vient tout seul, par la grâce de l’enfermement entre quatre murs, de la compagnie agréable et de quelques tablettes de chocolat. En réalité je ne l’ai que très peu retravaillé par la suite. Pour chaque scène, à partir du moment où j’avais en tête le déroulement du film (les images sont indispensables), je n’avais plus qu’à soigner mon expression écrite. Du coup, peu de réécriture.
Peux-tu nous dire quelques mots au sujet de « L’œil du pigeon » ?
J’ai eu envie de m’extraire de l’univers de mes habituels paysans taiseux. J’ai essayé de camper un personnage sombre, ambigu, assez mal dans sa peau pour se sentir menacé (entre autres) par l’œil en bouton de bottine d’un oiseau. Je me suis carrément amusée à écrire cette nouvelle dont je ne suis pas sûre qu’elle soit drôle.
En général, écris-tu en connaissant la chute de ta nouvelle ?
Il m’arrive de connaître la chute, mais ce n’est pas systématique. Dans le cas de « L’œil du pigeon », je ne crois pas que j’avais la chute dès le début.
Quelles sont les principales contraintes auxquelles tu t’es trouvé confrontée en écrivant cette nouvelle ?
Contrainte de tempo : la tension doit monter avant de retomber à la fin. J’ai essayé de ne jamais perdre de vue que, en même temps que l’histoire se bâtissait, je devais m’arranger pour que le lecteur soit tenu en haleine. Il ne devait lui manquer aucun élément, mais il ne fallait pas non plus surcharger de descriptions et autres joliesses d’écriture.
Qu’est-ce que la fréquentation des ateliers d’écriture t’a apporté ?
Tout. D’abord, sans les ateliers je n’aurais jamais écrit une ligne. Tout a commencé au Jardin d’Hiver, à Lille. J’ai passé les deux premières années dans l’émerveillement du néophyte : « C’est fou, moi qui n’ai pas plus d’imagination qu’une crevette, je peux écrire ! ». Puis j’ai émergé. J’ai acquis quelques bases techniques et, là, j’ai vraiment commencé à travailler. C’est pour moi une belle expérience. Sans oublier les personnes passionnantes que j’y rencontre.
Quels sont tes projets d’écriture ? Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
J’ai écrit le premier jet d’une histoire qui devrait être un roman. Il dort dans mes cartons en attendant des jours meilleurs. Pour le moment, je travaille à un roman policier, style histoire à énigme. Et, de temps en temps, pour ne pas perdre la main, je tente un concours de nouvelles.
0 commentaires